Ci-gît le Contrat Nouvelle Embauche

Comment motiver la précarité ? Qui a la charge de la preuve en cas de litige ? (...) Sur ces questions sensibles, les débats cèdent souvent au manichéisme, voire à la caricature, en opposant le bon CDI au mauvais CDD, les vrais réformateurs aux faux progressistes, les employeurs « esclavagistes » aux travailleurs opprimés... En réalité, l’enjeu n’est pas d’être pour ou contre la flexibilité, mais de passer d’une flexibilité subie – la précarité – à une flexibilité choisie, semblable à celle qu’expérimentaient autrefois les Sublimes – ce qui suppose de créer de nouveaux droits sociaux et non de détricoter le code du travail comme y invitent inlassablement le patronat et certains partis conservateurs. Pourtant, le primat de l’emploi est tel aujourd’hui que même les plus hautes juridictions contribuent à ce travail de sape. On peut ainsi s'étonner que le Conseil d’État ait validé l’ordonnance promulguant le CNE, en mettant explicitement en avant l’urgence de la lutte contre le chômage. L’idéologie en vogue du « travail à n’importe quel prix » sert ainsi à légitimer des mesures en contradiction flagrante avec les règles internationales et les principes généraux du droit. Jusqu’où le sacro-saint « droit à l’emploi » peut-il être invoqué pour justifier la précarité ? Les prochains développements judiciaires autour du CNE devraient fournir des éléments de réponse. A suivre donc

Extrait de Radiation, P 90-91