La non-pensée de Christine Lagarde

Après des années d'incubation sournoise, le virus de l'anti-intellectualisme s'est enfin déclaré. En témoigne ce discours édifiant prononcé la 10 juillet 2007 à l'Assemblée Nationale par Christine Lagarde, ministre de l'économie et de l'emploi. (Même la presse étrangère s'en est émue !)

Morceaux choisis :

"La lutte des classes, c’est une idée essentielle. Essentielle pour les manuels d’histoire. Il faudra certainement un jour en enseigner les aspects positifs. Mais en attendant, elle n’est plus d’aucune utilité pour comprendre notre société. Ce qui importe, aujourd’hui, c’est de se battre pour s’imposer soi-même, et non pas de lutter contres les autres. Demandez aux jeunes, y compris et surtout ceux des quartiers difficiles : un riche, dans leur esprit, ce n’est plus un rentier exploiteur, c’est bien souvent un entrepreneur qui a réussi. Pour eux, l’argent n’est plus synonyme d’injustice, mais d’espoir. Nos jeunes, ils n’ont pas envie de renverser l’ordre des choses, ils ont envie de s’y afférer. Cet état d’esprit est bien reflété par la nouvelle tendance du rap et du R’n’B contemporains. Je vous invite à disséquer ces paroles. Vous y trouverez une vision de la société qui ne renierait pas notre gouvernement, où créativité individuelle et solidarité collective sont intimement liées.Que la jeunesse de notre pays ait une telle envie de réussir, de "crier victoire", c''est, pour nous, le plus bel encouragement à poursuivre notre tâche".

Ou encore :

"Reconsidérer le travail, c’est rompre avec une tradition de mépris qui trouve sa source dans l’Ancien Régime, quand les nobles avaient défense de s’adonner au commerce. La Révolution Française n’a pas mis fin à cette attitude. On la retrouve au XIXè siècle chez de nombreux auteurs : Paul Lafargue, dans son livre Le droit à la paresse, recommande à l’homme de ne travailler que trois heures par jour, et de passer le reste du temps à « fainéanter et bombancer ». Le dernier avatar de ce droit à la paresse, c’est, dans les années 90, le mythe post-industriel de la « fin du travail » : l’homme pourrait, illusion suprême, être définitivement remplacé par des machines et des ordinateurs. La loi des trente-cinq heures est l’ultime expression de cette tendance historique à considérer le travail comme une servitude. "

Et puis ce morceau de bravoure :

"Que de détours pour dire une chose au fond si simple : il faut que le travail paye. Mais c’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant. Retroussons nos manches."

Un seul antidote : relire Nietzsche !

Post Scriptum : Merci au Tréponème bleu pâle de signaler Radiation au côté du Droit à la paresse de Lafargue...